Depuis 2023, notre fédération mène un projet auprès des jeunes du 12e arrondissement autour de la lutte contre les discriminations. Une première phase d’enquête, ayant permis de sonder la connaissance et l’expérience des jeunes en matière de discriminations, sera bientôt suivie de la création d’une exposition de sensibilisation. Léa Nougier, en charge de ce projet ayant déjà touché près de 300 jeunes de 14 à 25 ans, nous raconte.
Comment a commencé ce projet ?
Léa Nougier : Ce projet a été retenu par la Ville de Paris et la Marie du 12e dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre les discriminations. Il s’inscrit dans la lignée d’un précédent projet développé de 2018 à 2021, alors adressé aux élèves de 3e. « Un stage pour tou·tes » avait vocation à rétablir de l’égalité dans l’accès aux stages et à l’emploi.
Le succès de cette initiative nous a donné envie de poursuivre notre engagement mais sous une autre forme. Cette fois-ci, nous sommes parti·es de l’expérience des jeunes en développant une enquête permettant de comprendre leurs connaissances et leurs expériences des discriminations. Fort·es des résultats obtenus, nous nous dirigeons maintenant vers la création d’une exposition de sensibilisation, nourrie par des rencontres avec des expert·es et des témoignages.
Quels ont été les résultats de l’enquête menée auprès des jeunes ?
L.N. : Cette enquête, menée auprès de lycéen·nes de l’établissement Paul Valéry (12e) et de jeunes usager·es des Centres Paris Anim’, dont la Maison des Ensembles (12e), ont montré un bon niveau de connaissances sur la question des discriminations, notamment lorsqu’il s’agit des violences verbales. Les discriminations relatives à l’accès aux loisirs, aux stages ou à l’emploi sont cependant moins bien connues.
Concernant l’expérience vécue, plus de la moitié des jeunes répondant·es ont déclaré avoir été victimes de propos discriminants et près de deux tiers en avoir été témoins. On note par ailleurs que ces propos sont le plus souvent proféré entre pairs, et parfois liés à des dynamiques de harcèlement avec un effet de groupe fort.
Peux-tu nous parler du volet sensibilisation de ce projet ?
L.N. : En amont de l’enquête, je suis intervenue dans les classes afin de proposer des temps de sensibilisation aux lycéen·nes. Ceux-ci ont permis de renforcer les connaissances sur les points les moins bien connus par les jeunes et de revenir sur le cadre légal des discriminations (notamment les 25 critères de discrimination interdits par la loi).
Toutefois, notre volet sensibilisation se déploie aussi et surtout à travers l’implication des jeunes dans la création d’une exposition. L’enquête d’abord, et cette exposition ensuite sont importants car ils impliquent les jeunes de façon active. C’est là tout le sens de notre démarche.
Quel sera le sujet de cette exposition ?
L.N. : Les participant·es, qui ont été consultés, ont choisi de concentrer cette exposition sur les micro-agressions, les injures à caractère discriminatoire, et leurs conséquences sur la santé mentale. Elle devrait être constituée de témoignages audios et de panneaux informatifs.
Cette exposition sera créée par différents groupes de jeunes constitués d’élu·es du Conseil de Vie Lycéenne de Paul Valery, de volontaires en Service Civique, de stagiaires de l’Ecole de la deuxième chance, et d’usager·es de La Maison des Ensembles. Afin de les soutenir dans leur démarche, ils·elles bénéficieront d’interventions de la part d’associations expertes, portant les questions d’origine et appartenance religieuse, de sexisme, de LGBTQIA+phobies et de harcèlement scolaire. L’assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT) et En avant toute(s) ont déjà répondu présentes et nous les en remercions !
A ton sens, quel rôle peut jouer une association d’éducation populaire comme la nôtre dans le cadre de la lutte contre les discriminations ?
L.N. : Notre positionnement à la croisée entre acteurs institutionnels, éducatifs et associatifs me semble particulièrement intéressant. Ce projet par exemple, émane d’une demande de la Mairie du 12e, mais trouve un ancrage dans le milieu scolaire à travers la participation du lycée Paul Valery et le secteur de l’animation via La Maison des Ensembles. Il fait aussi intervenir un réseau associatif engagé tout en donnant un rôle actif aux jeunes. Cette philosophie et cette manière de créer des ponts entre différents acteurs constitue le cœur de l’action de la fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement.
Un appel à témoignage à destination des 12-25 ans
Blagues, remarques, injures relatives à l’origine, au sexe, à l’identité de genre, à la religion… Dans le cadre de son projet d’exposition, la fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement propose aux jeunes de 12 à 25 ans de parler de leur expérience vécue. Ces témoignages, anonymes, seront compilés et susceptibles d’être intégrés à l’exposition dans un objectif de sensibilisation entre pairs.
Pour participer, c’est ici.